« Un colloque académique en ufologie… à l’UQÀM ?! – Réponse publique du GARPAN à Radio-Canada »
Bonjour à tous,
Suite à la publication d’un long article publié sur Radio-Canada.ca, « Une bibliothèque publique montréalaise ouvre ses portes à la pseudo-science », publié hier le 16 janvier, il me semble nécessaire d’intervenir pour compléter l’information présentée par ce grand média du Québec.
Je m’exprime ici en tant que directeur des Éditions Garpan (entreprise enregistrée) et du GARPAN, un groupe effectuant des recherches et des investigations sur le vaste sujet de l’« ufologie ». Je me sens interpellé à répondre publiquement à Radio-Canada en raison des propos qui sont rapportés sur l’événement majeur d’envergure nationale que nous avons organisé en octobre 2018 à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), à savoir le « 5e Congrès ufologique international de Montréal ».
- Un « colloque d’ufologie »… à l’UQÀM ?
Croyez-le ou non, ce congrès fut surtout l’occasion du « 2ème colloque académique de l’histoire de l’ufologie au Canada », rien de moins. Le dernier remontait à 1980, organisé par Chris Rutkowski de l’Université du Manitoba. Les 27-28 octobre dernier, nous avons rassemblé 20 participants de neuf (9) pays pour faire le point sur l’avancement des recherches contemporaines concernant ce sujet controversé.
Les objectifs de cette entreprise intellectuelle collective ont été clairement énoncés depuis nov. 2017 :
- Rassembler des chercheurs présentant des positions différentes et même opposées
- Présenter chacun une conférence lors du congrès, suivi d’un article de qualité académique pour la publication des Actes de colloque (450 pages) de l’événement.
Télécharger le plan des Actes de colloque (450 pages) :
La raison pour laquelle l’UQÀM a judicieusement accepté la tenue de ce colloque académique est simple, c’est qu’il s’agit d’un véritable « colloque académique » et d’une réalisation intéressante, excepté qu’aucune institution ne nous a supporté dans notre démarche. Dirigé par un comité scientifique composé de trois membres, dont le docteur en psychologie Don C. Donderi, professeur retraité de l’Université McGill, et Fabrice Bonvin (M.A. Psychologie, Université de Genève, et auteur respecté), ce colloque se classe, d’un point de vue universitaire, dans les catégories de l’épistémologie et de l’histoire des sciences, de la psychosociologie et de l’histoire des idées.
Site et billetterie du « 5e Congrès ufologique international de Montréal » : https://congres.garpan.ca/
À noter les participations de :
- Manuel Wiroth, docteur en histoire contemporaine (La-Réunion), avec une thèse de doctorat sur l’histoire de l’ufologie française ;
- Chris Rutkowski, l’ufologue le plus respecté du Canada, compilateur des statistiques annuelles du pays depuis 1989 (M.A. Mathématique, Université du Manitoba).
Il est donc déplacé que l’auteur de l’article laisse planer le doute sur la pertinence de notre colloque académique. D’autant plus que TVA, le Journal de Montréal et le Journal de Québec en ont relayé l’information dès le 29 octobre dernier :
Voir l’article complet sur le site de TVA : https://www.tvanouvelles.ca/2018/10/27/congres-ufologique-de-montreal-ils-veulent-quon-arrete-de-rire-des-ovnis
D’ailleurs, voyez par vous-mêmes. Cet événement a accompli l’exploit de rassembler des chercheurs ne partageant pas les mêmes opinions en laissant une part significative à la position dite sceptique :
- Louis Dubé, président des Sceptiques du Québec ;
- Michel Belley, vice-président des Sceptiques du Québec ;
- Juan-Vicente Ballester Olmos, ufologue espagnol respecté, de position sceptique absolue, auteur de 400 articles, créateur du catalogue FOTOCAT.
J’y ajoute : ma présentation qui est une critique historique des recherches dites ufologiques d’un point de vue sociologique et institutionnel, en démontrant que l’entreprise conceptuel de la définition des « ovnis » est digne d’intérêt et de recherche, étant donné la factualité des données à analyser, c’est-à-dire :
- d’une part les « témoignages en tant que récits vécus par un ou des sujets » (données subjectives),
- et d’autre part les données objectives issues de la convergence et de la comparaison de témoignages et récits semblables,
Je rappelle au passage que mes approches en ufologie relèvent surtout de l’étiologie (littéraire), de la phénoménologie et de la critique des discours.
- Position du GARPAN au sujet de l’« ufologie » et des « ovnis »
Le GARPAN s’intéresse avant tout aux « témoignages » et effectue de nombreux travaux d’un point de vue anthropologique et sociologique. Depuis 2012, nous avons publié plusieurs livres, et aujourd’hui même, nous rendons public notre 7ème « Bilan annuel » qui démontre l’intégrité de notre démarche :
Télécharger le « Bilan 2018 des observations et rencontres ovnis/humanoïdes » :
Le GARPAN, comme plusieurs groupes et ufologues rigoureux de premier plan, ne défend pas « l’hypothèse extraterrestre ». Il est donc absurde de dire que nous cherchons « à prouver l’existence des extraterrestres », comme la plupart des médias le rapportent malencontreusement.
Le phénomène des ovnis existe, et nous nous occupons seulement d’interpréter les témoignages et données recueillies en fonction de divers paramètres, tout dépendant l’optique de l’étude en question. Nous nous appuyons sur de nombreuses recherches internationales, dont « plus de 300 thèses universitaires » ayant traité d’ufologie.
- Intervention des Sceptiques du Québec
Je tiens à préciser que je suis moi-même « membre des Sceptiques du Québec » depuis octobre 2016, et que je revendique fièrement cette adhésion. Les Sceptiques du Québec sont un groupe d’environ 300 intellectuels que je respecte beaucoup, en raison de la qualité et la productivité de leurs travaux. De plus, ils font partie du paysage intellectuel du Québec à juste titre par leur activité culturelle variée, originale et critique. Je vous encourage d’ailleurs à vous abonner à leur revue trimestrielle qui aborde des sujets brûlants de l’actualité scientifique et de la société depuis 31 ans.
- Une « bibliothèque » est un espace culturel pour discuter et échanger
Sans vouloir allonger cette mise au point, un mot sur la délicate situation dans laquelle M. Yves Michel Henuset se retrouve. Cet ingénieur professionnel a simplement voulu bien faire, en offrant dans son quartier cinq conférences sur des sujets relevant du paranormal pour discuter avec des gens partageant les mêmes intérêts, et voilà qu’on en fait un « débat public » ?!
Je confirme au passage qu’en effet M. Henuset a participé à notre Congrès d’octobre dernier, et ce pour deux raisons :
a) comme il se passionne pour l’ufologie, nous étions intéressés d’entendre la position d’un « ingénieur spécialisé dans les technologies des surfaces » tel que lui ;
b) en second lieu, et c’est assurément l’ironie la plus grande de cette situation, c’est que monsieur Henuset, à titre d’investigateur pour le GARPAN, se montre plutôt sceptique, rationnel et terre-à-terre !
Je termine en disant que la position de la bibliothèque mêlée à cette histoire est manifestement correcte, cohérente et pleine de bon sens :
« C’est pourtant le rôle des bibliothèques de permettre la pluralité des points de vue, réplique l’arrondissement. »
« Quand on programme des activités en bibliothèque, on le fait à travers une diversité de critères », a-t-il expliqué. « L’un de ces critères-là, c’est l’intérêt local, soit les propositions et les demandes que nous recevons. [De plus], de la recherche historique a été faite sur certains phénomènes paranormaux dans l’arrondissement, notamment par les sociétés d’histoire locale. Donc, il y a un intérêt particulier, je dirais. »
« Les phénomènes paranormaux, c’est un phénomène culturel, et nous, on le traite comme ça, c’est-à-dire qu’on souhaite permettre de façon générale l’expression de débats et d’informations à propos de phénomènes de société au sens large », se défend M. Toupin.
« On pense que c’est un contenu qui peut amener un éveil et en même temps développer l’esprit critique », résume-t-il. (citations de l’article de Radio-Canada.ca)
L’« ufologie », c’est-à-dire le « sujet des ovnis » n’est pas plus dangereux que la science-fiction, les cercles littéraires ou les clubs de jeux de rôles (de fantaisie, etc.). Je dirais même qu’il faut parler davantage de « pseudosciences et de témoignages insolites », et que plus les scientifiques et les philosophes rigoureux s’y pencheront et en débattront publiquement, plus s’affûtera la conscience critique du public.
Yann Vadnais
Ville de Québec, 17 janvier 2019
J’avais moi-même critiqué la conférence de Yves-Michel Henuset pour son caractère pseudoscientifique. Toute la question est de se positionner face à la possibilité des bibliothèques d’accueillir et de présenter de telles conférences. Est-ce éthiquement acceptable?
Bien sûr, nous défendons la liberté d’expression. Mais avec la liberté d’expression les fausses nouvelles et croyances diverses ont tout le loisir de se répandre…
Quel doit être le rôle des bibliothèques publiques dans de telles situation? Là est la question!
Michel Belley
Président, Sceptiques du Québec