Ovni en forme de yoyo dégageant de la fumée avant son décollage
Investigation de Yann Vadnais
Interview de Pierre Asselin, journaliste au quotidien Le Soleil
Transcription par Julie Bélanger et Yann Vadnais
Infographie par Benoit Brouillette
En guise d’introduction, voici une citation de la revue AFFA (de Jean Casault, 1969, no. ?, p.12) concernant un cas semblable de la même localité, mais datant de trois ans plus tard :
Interview avec Mme B., en 2010
Québec, Juillet 1966
Madame B. : J’ai regardé attentivement. J’ai vu [l’ovni], c’était comme un gros yoyo. Puis là, je me suis dit…
Pierre Asselin : Oui, décrivez ce que vous voyiez.
Madame B. : Bien la forme d’un yoyo exactement. Comment dirais-je ? Une forme, pas un ovale, mais un ovale arrondi, plus arrondi des deux bords mettons.
Pierre Asselin : Comme un « beigne mais sans trou au milieu » ?
Madame B. : Oui, oui, absolument vu que je le voyais de côté s’élever, [mais] je ne pouvais pas voir s’il y avait un trou ou pas de trou [transversal au centre de l’ovni]. Mais la forme de « beigne », ça a plus de bon sens.
Pierre Asselin : Vous le voyiez seulement de côté alors ?
Madame B. : Oui, de côté.
C’était le matin, ensoleillé, puis, en arrière de moi, il y avait l’est. Cette « affaire-là » [l’ovni] était éclairée évidemment, mais elle était plus lumineuse en dessous. C’était plus lumineux que la lumière du soleil autrement dit. C’était blanc-bleu très, très incandescent.
Aussi, il y avait comme une petite fumée gris[e]-noir[e] entre ça [l’ovni] et le sol pendant que ça [l’ovni s’é]levait. Alors moi, j’étais sur le terrain en face [du collège] de Mérici. [À cette époque,] ce n’était pas [des terrains] tout en blocs des appartements de Mérici, de condos, il y avait juste le Collège de Mérici. Alors moi, qui avait été pensionnaire là, [durant] sept ou huit ans, je me disais : « Tiens [donc], c’est dans leur champ en avant ! ». Il y avait un grand champ entre ici [ce lieu] et le [boulevard] Grande-Allée.
Par contre, quand ça [l’ovni] a fait [produit] une petite fumée noire en dessous, c’était éclairé beaucoup, très, très, très vif en dessous.
Puis, à [un] moment donné, ça a arrêté. Il n’y avait plus de petite fumée, ni rien, et ça [l’ovni] a avait pris une certaine hauteur.
Là par exemple, d’un coup sec, ça s’est mis à évoluer en s’en allant vers l’ouest, ouest-nord.
Pierre Asselin : À l’horizontal ?
Madame B. : À l’horizontal cette fois-là.
Pierre Asselin : Ça s’est placé à l’horizontal.
Madame B. : Ça [l’ovni] avait monté doucement à la verticale, pendant peut-être bien deux secondes. Vous comprenez que ça a de l’air d’être long tout ça, mais [l’événement s’est passé rapidement]…
À [un] moment donné, ça [l’ovni] a arrêté de monter et il n’y avait plus de fumée en dessous. Et puis, il me semble qu’il y avait… — je ne sais plus s’il y avait encore de l’éclairage blanc en dessous, blanc vif.
Là, ça [l’événement de l’ovni] avait fini en rapetissant tellement vite que…
Il y avait des fils électriques qui passaient [dans mon champ de vision], alors c’était [= l’ovni se situait] entre le dernier [fil] du bas et le suivant [au-dessus].[1]
Quand ça a filer [en s’éloignant] pour disparaître, ça restait comme au même point : ça rapetissait, ça rapetissait, ça rapetissait, alors je voyais ça filer [en s’éloignant].
Pierre Asselin : Ayoye ! Quelle couleur c’était ?
T : Bien c’était, attendez un petit peu…
Pierre Asselin : L’ovni avait-il l’air métallique ? C’était rond et clair ?
Madame B. : C’était sombre sur le dessus, comme je vous disais tantôt. Le dessus allant un peu vers les côtés, en suivant un peu l’arrondissement, mais pas beaucoup. C’était surtout en dessous [que c’était] plus vif, mais quand ça a parti à filer, ça a disparu [= après l’extinction de la fumée, la luminosité était moins importante, et ensuite cela s’est éloigné jusqu’à disparaître].
La luminosité, je ne sais plus s’il y en avait [au moment du décollage], parce que, comme ça rapetissait, je voyais moins bien. Puis, ça a fini par [n’]être complètement pu rien.
Pierre Asselin : Ah bon !
Madame B. : Et puis, là, bien j’avais un jeune bébé. J’ai appelé mon mari qui était en train de se faire la barbe. Je ne voulais pas laisser mon point d’observation, puis laisser le bébé pour aller dans la chambre de bain dire à mon mari de venir voir. J’avais peur de le perdre [de vue], alors je suis restée là, tout en disant de temps en temps à mon mari : « Viens, viens, viens ! ».
Puis la petite bonne [ménagère] que j’avais aussi [était là], mais elle n’était pas rendue dans la cuisine, donc elle n’est pas venu, moi j’étais dans la cuisine.
Puis je suis sûre que les gens qui ont [possèdent] la maison où on est maintenant, nos fils électriques étant à la même place que dans ce temps-là, je suis sûre qu’ils voudraient qu’on, si quelqu’un voulait aller voir, parce qu’il y a moyen quasiment de faire des petits calculs quand on se dit qu’on est à tant de pieds des fils électriques, puis on est à tant de pieds du sol[2]…
Pierre Asselin : Oui, avec la triangulation, on est capable d’évaluer les distances et les dimensions.
Madame B. : Quelqu’un qui fait un peu de mathématiques, je pense qu’il pourrait [reconstituer la trajectoire et la dimension approximatives de l’ovni]. Bien je me suis dit coudonc, ça m’avait intéressé beaucoup puis j’avais bien envie de prendre l’auto puis d’aller voir. Je me suis dit : « Si c’est dans le champ de Mérici, en avant, sûrement que l’herbe va être brûlée, ça doit paraître, il doit y avoir quelque chose. ».
Pierre Asselin : Ça a duré combien de temps en tout ?
Madame B. : Oh monsieur !… Une minute, une minute et demie… Compter ça [un tel événement], c’est difficile à évaluer. Ça montait, ça montait lentement, mais pas longtemps. Attendez un petit peu. Deux, trois minutes[3]. Deux, trois minutes, [le temps que dure] le montage [= l’ascension de l’ovni] puis [que] la petite fumée [s’échappe]… La petite fumée qui arrête [de s’échapper juste] avant que ça [l’ovni] prenne le bord de [en s’enfuyant] à l’horizontal. Je dirais deux minutes ou trois minutes peut-être, j’ai eu le temps d’appeler mon mari plusieurs fois.
Pierre Asselin : Quand vous avez appelé à l’aéroport, qu’est-ce qu’on vous a dit ?
Madame B. : Je me disais : « S’ils ont une observation eux autres ? ». Ils m’ont dit que personne d’autre ne leur avait signalé quelque chose, « … donc on va le prendre en note. ».
[Ensuite,] je me suis mise à chercher dans le quartier. Je me suis dit : « Les militaires, le musée de l’aviation, puis tout ça… peut-être aussi… ». Je les ai appelé, puis ils m’ont dit : « Oh, non, personne nous en a parlé. ». J’ai dit : « Notez-le quand même, des fois [que quelqu’un serait au courant]. ». Je ne sais pas s’ils l’ont noté ou quoi. C’est les deux « choses » [= organismes] que j’ai averti.
Pierre Asselin : Écoutez, si ça ne vous dérange pas, j’ai enregistré l’entrevue, car je fais souvent ça pour m’aider comme aide-mémoire…
Madame B. : Quoi l’entrevue, là, en ce moment ?…
Pierre Asselin : L’entrevue qu’on vient de faire là. Je ne vais pas écrire un article avec ça, mais j’enverrais votre témoignage aux gens qui récoltent ce genre de données.
Madame B. : Oui, c’est bon.
Pierre Asselin : Vous n’avez pas d’objection ?
Madame B. : Non.
Pierre Asselin : Au moins, comme ça, ça va rester. Il va rester des traces de votre observation.
Madame B. : Des fois, on peut se dire que c’est le fruit de l’imagination, mais moi je suis très sceptique pour toutes sortes de choses. Je ne suis pas portée à aller voir des films de fiction, d’extra-terrestres, puis tout ça. Je ne suis pas portée à suivre ce genre de films, non. J’ai d’autres domaines moi, mes intérêts. Quoique les reportages à propos des choses dans l’atmosphère, dans le cosmos, puis tout ça, je trouve ça très intéressant. Des scientifiques qui ont des réunions, puis qui font des découvertes, je trouve ça intéressant.
Pierre Asselin : Est-ce que cet événement vous a influencé par la suite ? Est-ce que votre opinion a évolué à ce sujet ?
Madame B. : Oui, j’ai peut-être été plus aux aguets, plus portée à observer si quelque chose a l’air un peu louche ou quoi.
Pierre Asselin : Oui, ah bon ! Bien c’était très intéressant, je suis bien content que quelqu’un m’ait appelé suite à mon article paru récemment.
Madame B. : Bien là, je suis une vieille madame. À ce moment-là, [en 1966,] j’avais comme quarante ans, maintenant j’en ai quatre-vingt.
[1] La témoin décrit ici où se situait l’ovni avant de déguerpir vers le nord-ouest.
[2] On peut voir ici toute la vivacité d’esprit de cette dame de 80 ans.
[3] Dans cette situation, les investigateurs disposent d’un exercice pour déterminer la durée, mais M. Asselin n’a pas appliqué lors de cette interview. Nous croyons que « 2-3 minutes » ne concordent pas avec le témoignage et que l’observation a sans doute duré moins de deux minutes.